Bruit des avions: Amsterdam en avance sur Bruxelles


Les vacances sont là et avec elles, les départs en avion vers des endroits de villégiature plus ensoleillés les uns que les autres. Pour les riverains de Brussels Airport (comme dans d'autres aéroports), la période est synonyme d'augmentation des nuisances sonores. À l'initiative du député Georges Dallemagne (cdH), une délégation de 5 parlementaires belges de la Commission de l'Infrastructure de la Chambre, pilotée par la présidente, Sabien Lahaye-Battheu (Open VLD), s'est rendue vendredi à l'aéroport de Schiphol pour comparer sa politique environnementale avec celle de Brussels Airport. "Brussels Airport se trouve encore à l'âge de la pierre lorsqu'on compare la gestion des nuisances sonores de notre aéroport à celle de l'aéroport de Schiphol. Nous avons trouvé un aéroport avec une politique proactive aux Pays-Bas, alors que chez nous, Zaventem est en conflit avec ses riverains. Schiphol est à des années lumières de Zaventem en matière de gestion des nuisances aériennes et de concertation avec les riverains. Pourtant, Schiphol se développe et Brussels Airport est à la peine", dégaine Georges Dallemagne. Avions bruyants plus taxés à Schiphol Avant de mettre le cap sur l'aéroport batave, les députés belges ont d'abord fait un crochet à l'aéroport de Bruxelles-National, où "nous avons trouvé des dirigeants sur la défensive et amères". Il détaille plusieurs aspects de la politique environnementale à Amsterdam/Schiphol qui l'ont impressionné. "À Zaventem, il y a un manque criant d'informations pour les riverains, alors qu'à Schiphol, ceux-ci sont informés, pratiquement en temps réel et en toute transparence, sur l'activité de l'aéroport. Via le site du BAS (point d'information des riverains), chaque riverain peut connaître à tout moment le nombre d'avions qui a survolé sa maison, la trajectoire empruntée et le niveau de bruit. Le site est mis à jour 4 fois dans la journée et est actif 7j/7", observe-t-il. Alors qu'à Bruxelles, il y a des réticences à prolonger d'une heure la nuit des riverains de l'aéroport (23h-7h au lieu de 23h-6h actuellement), il rappelle que Schiphol l'a fait. Tant Brussels Airport que Schiphol interdisent leur tarmac aux avions les plus bruyants, mais nos voisins bataves ont une politique plus dissuasive. "Le tarif de décollage de base est de 2,5 euros par tonne à Bruxelles-National et de 3,5 euros par tonne à Schiphol. Alors que ce tarif est multiplié par six à Schiphol pour les avions les plus bruyants, il l'est juste par 2 ou 3 à Bruxelles-National. Par ailleurs, Schiphol a fait le choix de ne pas accueillir les compagnies aériennes low cost sur son tarmac, alors que Zaventem court après elles", fustige-t-il. En matière de concertation, les Hollandais ont une longueur d'avance sur les Belges. Depuis près de 10 ans, fonctionne à Schiphol un organe d'avis, le Cros, organisé par la loi. Il regroupe les associations, les communes et les trois provinces riveraines de Schiphol. Composé de 25 membres, il émet des avis sur la gestion du bruit et les mouvements d'avions à Schiphol pour le ministre compétent qui suit généralement ses recommandations. Il contrôle le service d'information des riverains (BAS) où une équipe de 7 personnes traite les plaintes, les questions et l'information des riverains. Il est cofinancé par l'aéroport et l'organisme hollandais du contrôle aérien. Ouvert 7j/7 et de 9h à 17h, son système de gestion des plaintes est certifié par un bureau extérieur. Isolation des maisons À Bruxelles-National, il y a le service de médiation, mais il est le parent pauvre de la politique aéroportuaire belge. "À Schiphol, chaque riverain peut connaître en temps réel l'utilisation des pistes, les conditions météo et les prévisions pour les prochaines heures. Il peut suivre le trajet de chaque avion, l'intensité du bruit qu'il émet. Si un avion quitte la route autorisée par les autorités, ce n'est pas la compagnie aérienne qui est sanctionnée, mais le contrôleur aérien, étant entendu qu'un avion vole toujours sur instructions d'un contrôleur aérien. Un contrôleur aérien qui donne une autorisation de décollage après 23h risque une amende de 5.000 euros. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'appliquer en Belgique", note Georges Dallemagne. Il plaide pour que Brussels Airport s'inspire des mesures d'accompagnement de Schiphol, dont les autorités ont consacré ces dernières années 750 millions d'euros à l'isolation des maisons de riverains (13.000 habitations isolées). "J'espère que les choses iront dans ce sens chez nous, sinon je déposerai une résolution ou une proposition de loi pour une meilleure gestion de la politique environnementale à Bruxelles-National", conclut-il.

Bron: L'Echo, 10 juli 2012, Philippe Lawson